Les cinq empêchements

Avant de voir le corps et l’esprit de différentes façons (vipassanā), le yogi devra expérimenter clairement les états d’esprit. Tant qu’il ne médite pas, il se complait dans les impressions sensorielles et pense être calme. Mais lorsqu’il médite, il est confronté à la sauvagerie de l’esprit et se plaint d’être nerveux, agité, fâché, etc. Il expérimente les états d’esprit, passage difficile mais nécessaire. Ce sont les cinq empêchements.

  • Le désir sensuel (kāmacchanda) survient souvent car l’esprit est toujours en quête de l’agréable. Il est pernicieux. À l’inverse de la colère, sa présence en nous ne nous apparaît pas clairement. On peut encore renoncer à lobha tant qu’elle ne s’est pas développée en attachement (upādāna), difficile à éliminer. Si on ne la note pas attentivement et directement, on ne pourra expérimenter sa disparition.
  • La colère, l’inquiétude, l’anxiété, l’aversion, la dépression, la tension (byāpāda). Il faut la noter en prenant son temps, attentivement et pas superficiellement. Si on le fait de façon systématique, on va se familiariser avec elle et on pourra la gérer de plus en plus habilement. Elle est très forte et a un effet sur le corps mais il est plus facile de s’en débarrasser que du désir et de l’attachement. Si on la note attentivement, elle disparaîtra.
  • La somnolence et la torpeur. Elle survient très souvent surtout à l’assise. Elle est parfois physique mais souvent d’origine mentale. Il faut la noter tout de suite. Si elle nous décourage, il faut noter cet état d’esprit. Au début, nous n’arrivons pas encore à adhérer fermement à l’objet et elle apparaît. Parfois elle est due à une nourriture trop riche, ou encore à un manque d’intérêt qu’il ne faut pas confondre avec de la paresse. Parfois, lorsque l’esprit est concentré et que l’on suit les mouvements de l’abdomen sans vagabondage, elle peut apparaître. Si on la note, elle disparaîtra.
  • L’agitation et le remord. On ne parvient pas à maintenir l’esprit ne fût-ce qu’une seule fois sur l’abdomen. C’est le signe d’un déséquilibre des 5 facultés de contrôle : si l’effort est faible, l’attention sera faible, l’esprit flotte au-dessus de l’objet et ne le pénètre pas. Il faudra noter « agitation » puis faire l’effort de développer une attention plus précise. Parfois l’agitation peut être intermittente. Le remord (kukkucca) peut apparaître subitement alors que la pratique est bonne, lorsqu’un souvenir malheureux nous revient en mémoire. Les actes positifs du passé nous rendent heureux lorsque l’on s’en souvient et les actes négatifs suscitent des regrets.

Le doute peut apparaître lorsque nous n’arrivons pas à noter. « Que suis-je venu faire ici ? Cette pratique est-elle vraiment utile ? etc. » Comme un conducteur qui roule rapidement sur l’autoroute et doit rapidement prendre une direction une fois arrivé à l’échangeur mais doute. Le doute arrive subitement et parfois à notre insu. Même quelqu’un qui a confiance dans la pratique n’est pas à l’abri. On pourra le surmonter si on le note de façon pénétrante.

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