Les cinq empêchements et leur antidote

Le Dhamma est profond mais peut devenir clair lorsque les facteurs contraires sont dispersés. Les cinq empêchements sont : 1kāmacchanda. Vouloir voir, entendre, sentir, goûter, toucher ou penser. On le compare à une dette qui permet au créditeur de nous maltraiter sans que nous ne puissions rien dire. C’est comme une suggestion venue de l’extérieur à laquelle nous obtempérons comme un esclave. 2 byāpāda. La colère, la frustration, ou la dépression (forme de colère contre soi-même). On la compare à une maladie qui nous fait perdre l’appétit. On rejette en effet les conseils bénéfiques qui nous sont prodigués. Le moine qui en est victime finit par quitter la robe. 3thīnamiddha. L’esprit terne, lent, l’ennui, la somnolence, la nonchalance. On le compare à une prison qui empêche de participer aux festivités à l’extérieur. 4 uddhaccakukkucca. L’esprit dispersé, incapable de se maintenir sur l’objet, le regret des bonnes actions non faites et le remord pour les mauvaises. Comme un serviteur obligé par son maître de partir ailleurs alors qu’il prenait du bon temps dans un festival. On aimerait mieux oublier certains souvenirs mais ils s’imposent à nous. 5vicikicchā. Il ne s’agit pas d’une simple ignorance mais d’une incapacité à choisir. Comparé à un voyage dangereux avec des biens précieux et des bruits inquiétants qui suscitent le doute. Le doute peut prendre la forme de la sagesse.

Comment surmonter les empêchements ? Deux facteurs sont nécessaires pour être en mesure d’observer l’objet : 1 l’effort qui écarte les empêchements s’il est assez fort et 2 la capacité à viser l’objet (vitakka). Si on déploie trop de zèle ou de précipitation, on dépasse l’objet sans le voir, si on est trop incertain, on parvient trop tard à l’objet. Comme au jeu des fléchettes néanmoins, un tir imprécis reste utile, on gagne des points et se rapproche peu à peu du centre. Plusieurs moments d’attention consécutifs renforcent l’attention. Lorsque la visée est au centre de la cible, on colle à l’objet, l’esprit ne va plus aux objets habituels, plaisants ou déplaisants selon les tempéraments. À ce moment, le facteur de vitakka se double de celui de vicāra, l’application soutenue qui frotte à l’objet. On reconnaît clairement celui-ci. Lorsque l’on perçoit l’apparition de l’objet, pīti se manifeste. L’esprit n’est plus perturbé par les pollutions mentales et sukha est présent. La concentration est l’antidote de kāmacchanda, pīti, de byāpāda, vitakka (qui apporte la fraîcheur), de thīnamiddha, sukha, d’ uddhaccakukkucca et vicāra, de vicikicchā.

Pour donner une idée du degré de concentration nécessaire, on donne l’analogie suivante : un condamné à mort auquel le roi donne une chance d’être gracié s’il parvient à transporter un bol rempli à ras bord d’huile en se frayant un chemin parmi une foule venue voir la plus belle femme du pays et suivi d’un homme prêt à lui trancher la tête dès la première goutte qui déborderait.

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