Les cinq empêchements

On compte cinq empêchements (nivāraṇa) mais l’abhidhamma en ajoute un sixième: avijjā, l’ignorance. Ils empêchent le développement de tous les facteurs positifs, notamment jhaniques.

  • Kāmacchanda, le désir sensuel. Nous désirons constamment expérimenter des contacts sensoriels plaisants par l’œil, l’oreille, le nez, la bouche et le corps. Le désir ordinaire n’est pas tellement dangereux. Il le devient lorsque l’attachement apparaît (upādāna). On se souvient par la pensée d’une expérience que l’on souhaite reproduire encore et encore. Comme un débiteur qui serait obsédé par son créancier. Il faut « rembourser la dette » au plus vite. En notant les contacts sensoriels, nous mettons un terme à l’attachement.
  • Byāpāda, la colère ou la peur. Une expérience désagréable nous met mal à l’aise. Comme un malade qui doit se guérir s’il veut vivre confortablement, nous devons nous en débarrasser au plus vite. Il faut comprendre la loi de causalité : l’instant précédent conditionne le suivant. La peur est une forme atténuée de colère. Nous avons peur de tout, par exemple, de ne plus manger le soir. Si nous nous laissons obséder par cette idée, nous ne pourrons pas progresser.
  • Thīnamiddha, la paresse et la torpeur ou la somnolence. Parfois, il s’agit d’une réelle fatigue et ce n’est pas de la paresse. Cet empêchement est très fréquent, même chez les arhats ou le Buddha. Le vénérable Mogallāna en était la victime et le Buddha lui donna 7 façons de la surmonter : ❶ changer d’objet ❷ repenser à un point du Dhamma ❸ réciter un passage des écritures ❹ se tordre les oreilles jusqu’à se faire mal ❺ se rincer le visage ❻ regarder la lumière ❼ pratiquer la marche rapide. On compare cet empêchement à une prison.
  • Uddhacca-kukkucca, l’agitation et le remord. L’esprit à l’habitude de penser, de se souvenir, de planifier, etc. Il n’aime pas être maintenu sur l’objet car il n’y est pas habitué. Kukkucca, c’est le remord pour ce que l’on a fait ou le regret de ce que l’on n’a pas fait. Les jeunes peuvent mieux méditer car ils ont moins de pensées et de conditionnement. On compare la victime de l’agitation et du remord à un esclave qui ne peut faire ce qu’il veut librement.
  • Vicikicchā, le doute sceptique. C’est un grand empêchement. Le professeur ou l’ami spirituel peuvent indiquer au yogi s’il est sur la bonne voie. L’entrevue vise à clarifier les doutes. On peut aussi lire un bon livre sur le Dhamma. En leur absence, on risque de se tromper, comme un voyageur dépourvu de carte et hésitant sur le chemin. Le Bouddha lui-même fut sujet au doute alors qu’il ne trouvait pas chez ses professeurs ce qu’il recherchait.

Ces cinq nivāraṇa sont des ennemis que nous devons apprendre à reconnaître. Il y a quatre objets de la méditation : l’objet primaire (le mouvement de l’abdomen), les douleurs, les pensées et la somnolence. Les deux premiers doivent être développés, les deux derniers doivent être évacués.

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