Les cinq énergies mentales

Il y a cinq types d’énergies mentales qui doivent fonctionner en harmonie :

❶ La dévotion ou confiance est la première étape nécessaire dans toutes les religions, mais elle ne doit pas être aveugle et doit s’accompagner de sagesse. Une nonne catholique devenue bouddhiste à Amsterdam expliquait que son apparence avait changé, mais qu’elle poursuivait en réalité un même cheminement. J’ai revu récemment un évêque rencontré en 1978 en Italie et j’ai vu le Christ et le Buddha côte à côte dans sa chambre. Ils montrent à la fois la réalité de la souffrance et la voie pour y échapper. Il conservait aussi un maṇḍala pour pratiquer la purification de l’esprit à la façon tibétaine. Nous étions tous deux d’accord pour penser que la foi devait s’accompagner de sagesse et n’être pas aveugle. En méditation, il faut développer la confiance en soi et en la pratique pour atteindre le but.

❷ La confiance seule ne suffit pas, il faut fournir des efforts. Chaque pas nous rapproche du but dans ce long voyage empli d’obstacles imprévisibles : forêts tropicales, déserts, montagnes, rivières. Les yogis font face à des difficultés diverses : agitation, inquiétudes, douleurs physiques, etc. Même le Buddha dont les pāramī étaient parfaitement développés à la naissance a dû pratiquer six années d’austérités avant de parvenir au but. Nous n’avons pas les pāramī aussi développés que lui, mais pouvons y parvenir aussi.

❸ Le facteur le plus important est l’attention, laquelle est amenée par l’effort. Toute la pratique de la méditation vise à développer l’attention. Au début, les objets sont innombrables et on se concentre sur l’objet primaire, mais il faut être conscient chaque fois que quelque chose se produit ailleurs dans le corps. Être conscient de tout n’est pas impossible, c’est un entraînement, tout comme l’apprentissage du piano. Sans faire l’effort d’observer les phénomènes au moment où ils se produisent, nous ne pourrions comprendre leur nature. Ceux-ci apparaissent pour disparaître tout de suite.

❹ Dans vipassanā, concentration d’absorption et d’accès ne sont pas nécessaires, seule la concentration momentanée l’est. Il faut seulement se préoccuper d’appliquer l’esprit à l’objet d’instant en instant. Une attention soutenue à l’objet, c’est la concentration.

❺ Chaque objet que nous observons, dans le corps ou l’esprit, apparaît et disparaît. Comprendre la nature de l’impermanence, c’est la sagesse. L’esprit est dans un flux constant.

Il faut que les 5 facultés soient en équilibre, surtout l’attention, la concentration et la sagesse. Les écritures contiennent beaucoup d’histoires sur l’importance de cet équilibre juste avant d’atteindre le but. Ānanda avait beaucoup de dévotion ayant servi le Buddha 25 ans, et beaucoup de sagesse pour avoir entendu tous ses enseignements, mais il ne pratiquait pas. Après la mort du Buddha, 499 arhats s’apprêtaient à participer au 1er concile. Étant indispensable au concile, il fournit des efforts toute la nuit précédant le concile. Sagesse et effort étaient en excès, mais attention et concentration étaient trop faibles. Quand il abandonna l’effort, ses cinq facultés s’équilibrèrent et il attînt l’illumination.

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