Les cinq facteurs jhaniques et les cinq empêchements

Nous poursuivons l’enseignement d’hier sur les 5 jhāna et leurs opposés (paṭipakkha)

  • L’application initiale à un objet est comparée à un aigle qui prend son envol et doit fournir un gros effort. Ce facteur élimine thīnamiddha, la somnolence et la torpeur. L’esprit constamment dirigé vers l’objet ne peut somnoler.
  • Vicāra. Le maintien de l’esprit sur l’objet est comparé au vol plané de l’aigle qui observe attentivement le sol pour repérer des proies. L’esprit est stable, se maintient sur l’objet et le voit clairement. Il n’y a plus de doute sur celui-ci. L’instructeur insiste qu’il ne faut pas penser, sans quoi le doute apparaîtra. Il faut éviter de penser au futur ou au passé qui ne sont pas réels. Si ce facteur est fort, vicikicchā est éliminé.
  • Pīti est l’antidote de byāpada, synonyme de dosa, la colère. L’attention se maintient sur l’objet et le yogi ressent de la joie, comme un tireur qui toucherait sa cible. L’esprit est très ferme et stable et permet de poursuivre l’effort plus avant et de progresser. Les débutants pensent que méditation signifie souffrance quand leur observation ne concorde pas encore à l’objet, mais plus tard, lorsqu’elle s’accélère et devient stable, pīti apparaît. Certains yogis n’y parviennent pas encore. C’est une des qualités du Dhamma que ses bénéfices peuvent être expérimentés à tout moment, même la nuit si le yogi se réveille et pratique couché.
  • Le yogi est très calme et tranquille. L’agitation et le remord (uddhacca kukkucca) ne peuvent apparaître, car il accomplit bien son devoir.
  • Ekaggatā ou fixité de l’esprit sur l’objet. C’est un synonyme de samādhi. L’esprit est très ferme et tranquille. On voit l’objet très clairement et on se plaît à l’observer. Ce facteur élimine le désir sensuel (kāmacchanda). Ce type de bonheur est très différent du bonheur sensuel. Le yogi n’aura par exemple plus envie de manger. Il aura l’impression d’avoir dépassé toute forme de souffrance. Un son agréable n’éveillera pas en lui l’envie de s’y complaire.

Le yogi qui possède ces cinq facteurs atteint le 1er jhāna. Il se rend compte ensuite que le facteur de vitakka n’est plus nécessaire et le dépasse, atteignant le second jhāna. Au 3ème jhāna, il se maintient automatiquement sur l’objet. Les cinq formes de pīti lui apparaissent grossières. En les abandonnant, il atteint le 4ème jhāna. Il veut ensuite abandonner sukha, une forme d’émotion un peu grossière. Au 5ème jhāna, seuls les facteurs de l’équanimité et de la fixité de l’esprit demeurent. Il peut méditer à ce moment deux ou trois heures sans problème. Le bonheur jhanique peut être expérimenté dans des proportions variables, mais il n’y a pas encore de sagesse. Celle-ci demande la pratique de vipassanā.

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