Les cinq indriya

Au contraire des autres états d’esprit, les facultés de contrôle (indriya) doivent être délibérément introduits dans l’esprit.

① La confiance (saddhā). Le Bouddha a demandé de ne pas croire aveuglément ce qu’il dit mais de venir voir par soi-même (ehipassiko), ce qui était à réaliser par soi-même (sandiṭṭhiko) et dont les résultats sont immédiats (akāliko). On note le mouvement et on réalise qu’il n’y a rien d’autre que le mouvement et l’esprit qui le note, on ressent la dureté, la chaleur, les éléments et la confiance est présente car on comprend par soi-même. On fait dès lors partie de l’ariya sangha et on a confiance dans le triple joyau et la pratique. Confiance et claire compréhension sont donc en relation.

② Au début, on demande aux yogis de fournir un gros effort (viriya) mais rester assis une heure et marcher une heure s’avère trop difficile. Le yogi commence à s’ennuyer, la paresse puis le doute s’installent. Il ne note plus et n’expérimente plus rien. Un yogi qui s’affaisse ne manque pas de respect mais d’énergie physique car il n’est pas encore parvenu à noter. Mais s’il parvient à noter deux ou trois fois, la confiance revient, l’esprit devient alerte (énergie mentale) et suscite l’énergie physique. On veut alors parvenir à tout noter et l’esprit se tend. L’énergie devient excessive et l’esprit, agité. Le yogi ne parvient plus à noter l’objet. Tout ceci se passe à l’insu du yogi. On voit parfois des yogis qui semblent très attentifs mais leur rapport s’avère décevant.

③ Sans viriya, il n’est pas possible de voir les objets clairement et complètement. L’attention (sati) doit adhérer à l’objet comme la boue jetée sur le mur ou le pénétrer comme la pierre dans l’eau.

④ La concentration (samādhi). Si on note précisément, l’esprit s’absorbe dans l’objet, devient calme et ne part plus ailleurs.

⑤ la sagesse (paññā), c’est ce que l’on expérimente. Au plus on note, au plus la concentration est forte. Le désir, l’aversion et les impuretés qui polluent ordinairement l’esprit ne l’obscurcissent plus.

Les indriya sont interdépendants. L’effort et la concentration forment une paire. Si la concentration est bonne, la prise de note facile, la somnolence s’infiltre. Il faut ajouter deux notes : soulèvement, abaissement, assis et toucher, ce qui demande un effort. L’esprit redevient alerte. Si l’esprit est trop agité, il faut se limiter par exemple à une seule note : « toucher ». Il faut régulièrement vérifier son esprit : suis-je tendu ? Il est très difficile de ne pas nourrir des attentes.

La confiance et la sagesse forment une autre paire. Si on ne comprend pas les bénéfices, la confiance et l’effort seront faibles. Parfois, la confiance est très forte pour certains qui ont beaucoup étudié et pensent pouvoir laisser leur esprit au naturel. Si paññā est en excès, comme souvent pour les moines, on essaiera de ne pas penser ou analyser pendant la méditation.

Quant à sati, c’est la faculté clef, au centre des autres et qui couvre tout.

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