Les composantes des six perceptions sensorielles

Cet enseignement vise à vous permettre de mieux comprendre votre pratique. À chaque instant, le corps (ce qui ne sait pas) et l’esprit (ce qui connaît l’objet), se produisent en même temps. Les deux coopèrent comme l’aveugle et l’estropié qui le guide depuis ses épaules. L’esprit n’apparaît que si l’objet est présent. Il est comme la canne sur laquelle s’appuie le vieillard.

Dans la vision par exemple, il y a la base visuelle, l’objet visuel qui la percute en produisant une étincelle et la conscience visuelle. Au même moment se produit phassa, le contact et, en raison du contact, vedanā, le ressenti agréable ou désagréable selon qu’il correspond ou non à notre goût. Si on place notre attention sur la vision de façon synchronisée, ses composantes vont devenir claires et on ne la percevra plus avec un « je ». Parfois telle composante sera plus manifeste, parfois telle autre composante. Il en va de même de l’audition, de l’odorat, du goût (astringent, sucré, etc.), du toucher (sur toute la surface du corps humide et à l’intérieur de celui-ci). Les pensées, imaginations, etc. comprennent aussi une base sensorielle matérielle : la porte qui est percutée (bhavanga) ressemble à une vision, audition, etc., même s’il n’y a pas vision ou audition en réalité. On peut appeler ces objets « objets du Dhamma ».

Il s’agit de la théorie. Dans la pratique, il faut observer l’ensemble de la vision et ne pas rechercher les composantes. On note ce qui est apparent. Mais l’une des composantes va naturellement ressortir plus fort. Tout apparaît et disparaît très vite. Il faut donc ralentir nos activités. Beaucoup de choses se produisent par exemple lorsque l’on change de posture. Si on se laisse distraire, il deviendra difficile de contenter l’esprit avec ce qui se produit en nous. Nous devons agir comme un aveugle, nous intéressant au seul processus de la vision sans prêter attention au contenu. Nous devons agir comme un sourd, un ignorant, en adoptant l’attitude du débutant, ou encore un faible. L’occasion est idéale pour ralentir le rythme et développer l’effort, l’attention et la concentration.

Questions : n’est-ce-pas l’observation elle-même qui transforme l’objet observé et le caractère plaisant ou déplaisant de l’objet ? Réponse : c’est l’intention mentale qui nous amène à ralentir. Si on saisit le phénomène au moment où il se produit, le désir ou l’aversion diminueront au profit d’une attitude plus neutre et plus libre vis-à-vis de l’objet.

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