Les connaissances vipassanā

La prise des préceptes complète le premier entraînement, sīla. L’effort d’observer tous les objets toute la journée, développe le deuxième entraînement, la concentration. Si les objets ne sont pas encore très clairs, il faut être patient. La compréhension, le troisième entraînement comprend sutamayañāṇa (par la lecture ou les enseignements), cintāmayañāṇa (par la réflexion) et bhāvanāmayañāṇa (par l’expérience directe). Ce dernier permet de découvrir la vérité.

❶ la vérité conventionnelle, ❷ la vérité ultime et ❸ les quatre nobles vérités. La première noble vérité est celle de la souffrance. Nous ne comprenons pas que la vie est souffrance car nous nous complaisons d’habitude dans les sensations agréables. Nous ne comprenons pas que les phénomènes ne durent pas. Tout ce qui disparaît est souffrance selon le Buddha. Nous acceptons que la vieillesse, la maladie et la mort sont souffrance mais n’y pensons pas trop. Si nous sommes malades, nous ne pensons pas que c’est une souffrance mais que nous allons guérir. Nous avons oublié la souffrance endurée à la naissance et pendant la gestation. Les êtres nobles le comprennent. En grandissant, l’ego de l’enfant va se faire de plus en plus envahissant, les pollutions mentales vont proliférer. S’il a une bonne éducation, il souffrira moins. Ne pas obtenir ce que nous désirons, être séparé de ce qu’on aime ou associé à ce qu’on n’aime pas est souffrance. Mais la véritable souffrance s’enracine dans l’avidité, c’est l’attachement aux cinq agrégats (khandha). En pratiquant vipassanā, nous verrons que tout disparaît constamment et notre attachement va diminuer.

Nous développons l’effort, l’attention et la concentration pour faire émerger sammā diṭṭhi et sammā sankappa. Les yogis comprennent que l’interaction entre les phénomènes physiques et mentaux, c’est la vie. Si cette interaction manque d’harmonie, c’est la maladie, si elle cesse, c’est la mort. C’est la première connaissance vipassanā : nāmarūpaparicchedañāṇa. Elle est plus importante pour mettre fin à la souffrance que les jhāna. Le désir de boire conditionne le mouvement du bras. En observant constamment ainsi, nous développons progressivement la deuxième connaissance vipassanā : paccayapariggahañāṇa. Nos vues changent. Nous comprenons personnellement qu’il n’y a que des causes et des effets, pas de créateur. C’est la connaissance de la compréhension (sammasanañāṇa).  Lorsque la puissance de l’observation se renforce, nous voyons que les phénomènes ne cessent d’apparaître et de disparaître (udayabbayañāṇa). Un esprit très stable observe les dissolutions de plus en plus rapides (bhaṅgañāṇa), ce qui suscite la peur (bhayañāṇa) et le dégoût (ādīnavañāṇa). La misère de la situation nous apparaît (nibbidāñāṇa), et le désir de libération (muñcitukamyatāñāṇa). Nous commençons alors à reprendre l’effort (paṭisaṅkañāṇa). Tôt ou tard, nous atteindrons l’équanimité (saṅkhārupekkhāñāṇa) L’esprit est léger et la méditation devient facile. Il faut alors que les cinq facultés se mettent en équilibre, ne fût-ce que quelques minutes et nous atteindrons anulomañāṇa. Nous verrons alors la cessation de la souffrance. Le sotāpanna atteint le premier stade d’éveil et ne reprendra naissance que sept fois au maximum avant d’atteindre la libération finale, et plus jamais dans les plans de misère.

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