Les dix occasions d’action méritoire

La troisième question du roi des devā au Buddha portait donc sur le bonheur suprême. En réalité, le bonheur du Dhamma n’est pas limité à la méditation. Les dix occasions pour les actions méritoires le causent aussi :

❶ dāna : Lorsque nous offrons des boissons aux yogis ou au moine, nous sommes heureux. Que nous croyions aux effets bénéfiques du don (renaissance heureuse, longévité, force, beauté, bonheur et sagesse), ou non, ceux-ci nous parviendront immanquablement. Mais comprendre le fonctionnement du kamma et croire en ses effets suscitera en outre notre intérêt pour le Dhamma, et nous incitera à le mettre en pratique pour nous libérer. Si nous sommes ici aujourd’hui et que la méditation ne nous ennuie pas, c’est probablement que nous avons accompli des actions méritoires dans le passé en comprenant les bénéfices qu’elles nous apporteraient. Donner à des personnes qui s’efforcent d’observer les préceptes et de purifier leur esprit est inspirant. Nous ne donnons pas en réalité à un moine individuel, mais à tout le sangha, y compris Sāriputta, Moggallāna, les novices, etc. Souhaiter qu’ils puissent boire, c’est générer Mettā. Nous les voyons s’échiner à la tâche et générons karuṇā. Nous sommes heureux de les voir étancher leur soif et générons muditā.

❷ sīla : Savoir que nous respectons les préceptes nous réjouit.

❸ bhāvanā : Le développement du corps et de l’esprit.

❹ apacāyana : Témoigner de respect envers les personnes âgées et vertueuses, c’est faire preuve d’humilité. L’humilité rend heureux.

❺ veyyāvacca : Si nous repensons aux services rendus à ces mêmes personnes, nous sommes heureux.

❻ pattidāna : Le bonheur ressenti après une action positive, c’est du mérite, et nous pouvons partager ce mérite. Les devā qui ne peuvent produire de mérites eux-mêmes se réjouissent quand des humains s’apprêtent à accomplir des actions positives, car ils en recevront une part. En Birmanie dans les monastères, les donateurs partagent leur bonne action avec tous les êtres en récitant : အမွ်အမွ်အမွ်ယူေတာ္မူျကပါကုန္ေလာ့ (ahmya ahmya ahmya yutauw mu gya baa konlauw) et le public accepte ces mérites en répondant : သာဓု သာဓု သာဓု (sādhu sādhu sādhu) et tous deux sont heureux. Il serait difficile toutefois d’introduire cette pratique ici.

❼ pattānumodana : Nous exprimons au donateur notre bonheur de recevoir, comme les Birmans qui répètent sādhu trois fois. Ici, quand nous voyons le donateur du jour inscrit au tableau, nous sommes heureux.

❽ dhammasavana : quand nous écoutons l’enseignement, l’esprit est fixé sur les paroles, reste calme et est donc heureux.

❾ dhammadesanā : Lorsque nous partageons nos connaissances du dhamma, enseignons ou traduisons un enseignement, nous devons rester concentrés pour ne pas commettre d’erreur. Nous sommes heureux si nous le faisons bien.

❿ diṭṭhujukamma : La compréhension juste acquise par la pratique est plus claire que celle issue de la théorie. Nous savons qu’il est difficile d’éradiquer les empêchements, de développer la concentration et de réaliser la nature du corps et de l’esprit. Quand la concentration est forte, nous n’avons plus de doutes et sommes heureux.

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