Les quatre āsava et la garde des sens

Dans le rathavinīta sutta, le Buddha utilise la métaphore du char tiré par des chevaux. Il y a différentes recettes pour parvenir au but, mais les ingrédients sont les mêmes : les quatre satipaṭṭhāna. Les 84.000 enseignements du Buddha se résument à la vigilance (appamāda).

Le bhikkhu pourra être heureux physiquement (kāyikasukha) et mentalement (cetasikasukha) en possédant trois qualités : ❶ indriya guttadvāra. Le contrôle des six portes sensorielles, ❷ bhojane mattaññutā : ne manger ni trop ni trop peu, bien que le sens soit plus large, ❸ jāgariyānuyoga, vivre avec dévotion et vigilance. Être heureux ne dépend donc pas des possessions, mais plutôt de la paix de l’esprit.

Pour y parvenir, il faudra aussi se débarrasser des quatre purulences (āsava). L’un des bénéfices de la pratique est la purification de notre esprit pollué par l’avidité, la colère, l’orgueil, l’égoïsme, etc.

❶ kāmāsava : Si nous nous examinons honnêtement, nous verrons que ce n’est pas le désir de libération ou de purification qui nous habite le plus souvent, mais le désir sensuel. Nous aimons aussi les images, sons, odeurs, saveurs et pensées agréables. Une yogi se plaignait d’être hantée par des souvenirs de films d’horreur pendant sa méditation.
❷ bhavāsava : Nous souhaitons reprendre vie comme humain comme les devā souhaitent peut-être renaître dans le plan des devā. C’est l’attachement à l’existence.
❸ diṭṭhāsava : Il est difficile d’accepter qu’il n’y ait que l’esprit et la matière et qu’ils sont dépourvus d’Ego ou d’entité permanente.
❹ avijjāsava : Nous ne comprenons pas clairement l’esprit et la matière, les causes et les effets, les trois caractéristiques, etc.

Seuls les arhats ont entièrement éliminé les āsava, les sotāpanna, sakadāgāmi et anāgāmi les ont fort affaiblis. Ils sont très forts en revanche chez les puthujjana. Āsava peut-être traduit aussi par ‘écoulement’ du haut vers le bas ou suintement goutte à goutte par la fissure d’un pot. Ils suppurent dans tous les plans d’existence, depuis les brahmā jusqu’aux apāya. Ils fermentent en nous et nous intoxiquent depuis longtemps, comme l’alcool ou le poisson fermenté birman qui semble répugnant aux Occidentaux, comme une odeur très ancienne venue du passé. Pour s’en débarrasser, il faudra déployer un effort héroïque (ātāpi) et développer les trois qualités susmentionnées.

Le Buddha a instruit : « Si le bhikkhu voit un objet visible, il sait qu’il voit ». Si nous ne notons pas, un objet agréable suscitera le désir et un objet désagréable, l’aversion. Avec l’entraînement, l’esprit n’ira pas au-delà de ‘voir’, ne reconnaîtra pas les détails de l’objet, son sexe, ses formes, sa démarche ou son sourire et ne permettra pas au désir de pénétrer. Un yogi qui travaille avec dévotion aura une attention ininterrompue où lobha et dosa ne pourront pénétrer. Les débutants ne devraient pas s’attarder sur les 6 portes des sens au début. Quand ils auront développé leur attention sur l’objet primaire, cela deviendra plus facile.

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