Les quatre satipaṭṭhāna et les kilesā

Nous pratiquons sur la base des quatre satipaṭṭhāna : kāya (le corps – nous observons les mouvements de l’abdomen, soit la manifestation de l’élément ‘air’) ; vedanā (les ressentis – ces ressentis sont constamment présents, nous ressentons par exemple une poussée pendant le soulèvement de l’abdomen. Ces ressentis sont tantôt clairs, tantôt indistincts. Les douleurs sont souvent très claires.) ; citta (l’esprit – quand nous constatons que l’esprit a quitté l’abdomen, il faut noter « pensées ». Où focaliser l’attention par rapport aux pensées ? Il faut observer le processus et non le contenu, sans quoi la pensée ne s’arrêtera pas et l’esprit deviendra agité.) ; dhamma (les autres objets – il s’agit essentiellement de la torpeur, d’un esprit confus, mais aussi des autres empêchements, comme l’agitation, qui empêchent l’attention, la compréhension et le progrès. Il faut noter la torpeur dès ses premiers signes, comme lorsque nous ne parvenons pas à noter un flux d’objets.

Ces quatre fondements de l’attention doivent être observés, mais ne sont pas toujours manifestes en même temps. Au début, il vaut mieux se concentrer sur quatre objets seulement : l’objet primaire, secondaire, les pensées et la somnolence ou le flou. Quand l’esprit sera stabilisé, nous pourrons observer beaucoup plus d’objets.

Les pollutions mentales (kilesā), avidité, colère, ignorance, orgueil, etc., empêchent un esprit clair. Il faut purifier l’esprit pour parvenir à la concentration. Nous y parviendrons tôt ou tard si nous observons chaque fois l’objet qui se manifeste. Nous cherchons à comprendre l’interaction entre corps et esprit, le flux de phénomènes physiques et mentaux qui continue au-delà de la mort (saṃsāra). Nous pensons en termes de « je », mais ce « je » n’existe pas en réalité. C’est un nouveau « je » qui apparaît à chaque instant. Nous devons nous entraîner à noter ces apparitions et disparitions.

Il y a trois cycles (vaṭṭa) qui constituent le saṃsāra : ① kilesa ② kamma ③ vipāka. En raison de l’ignorance, nous ne voyons pas ou superficiellement la réalité de la souffrance. Nous nous attachons alors aux objets et le désir nous pousse à poser des actes. Ces actes positifs ou négatifs (kamma) entraînent des effets positifs ou négatifs (vipāka). Sauf en se débarrassant des pollutions mentales, il est impossible d’échapper à cette roue de la vie. Les cinq agrégats, le corps et la vie sont le résultat du kamma.

Le Buddha a compris comment fonctionne la vie voici 2.600 ans. Selon le brahmanisme, c’est Brahmā qui crée les êtres et les dote d’une âme (atta). La méditation permet de comprendre l’absence d’atta. Il n’y a que des causes et des effets. Le soulèvement et l’abaissement de l’abdomen aussi n’adviennent pas sans cause. Cette méditation est l’essence et le propre du bouddhisme theravāda, pas les rituels ou les œuvres charitables, la bienveillance et la moralité qu’il partage avec les autres religions. SI nous fournissons des efforts, nous pouvons réaliser le Dhamma pour nous-mêmes. L’essence du bouddhisme, c’est voir les choses telles qu’elles sont réellement. Qui voit le Dhamma voit le Buddha.

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