Les quatre satipaṭṭhāna et vipassanā

Sans l’apparition dans le monde d’un sammāsambuddha, vipassanā ne serait pas enseigné. Nous avons donc une chance extraordinaire. Lorsque j’étais jeune, les gens considéraient en Birmanie que la méditation était réservée aux moines et aux vieux. Mahasi Sayadaw a popularisé la pratique en affirmant qu’elle s’adressait à tous ceux qui voulaient purifier leur esprit et se libérer de la souffrance.

Récitation en pāḷi du mahāsatipatthāna uddeso.

Le Buddha a enseigné beaucoup de choses : sīla, samādhi, dāna, etc. Les écritures comprennent 84.000 dhamma au total. Mais seuls les quatre établissements de l’attention permettent d’atteindre nibbāna. Tous les buddhas du passé ont emprunté cette unique voie (ekāyano maggo).

L’avidité, la colère, l’illusion et les autres impuretés mentales obscurcissent l’esprit. Cette pratique rend l’esprit pur et clair. Au moment précis où on note le mouvement de soulèvement ou d’abaissement de l’abdomen, l’objet primaire d’attention, aucune impureté n’habite l’esprit. Le chagrin et les lamentations peuvent être partiellement ou entièrement éliminés par cette pratique. Même si la souffrance physique est inévitable, il est possible de se libérer de la souffrance mentale. Cette pratique permet enfin d’atteindre le quadruple chemin et le quadruple fruit. Le puthujjana doit reprendre naissance dans les plans de misère, mais celui qui a atteint les premier chemin et fruit (sotāpatti magga et phala) brise le cycle du saṃsāra, ne reprend plus naissance que sept fois au maximum et jamais dans les plans de misère. Le sakadāgāmi ne reprend plus naissance qu’une seule fois dans le plan humain, l’anāgāmi, plus que dans les plans de brahmā et l’arhat ne reprend plus naissance.

Les instructions de Mahasi se basent sur le satipaṭṭhāna sutta (quatre établissements de l’attention) : ❶ le corps : outre les mouvements de l’abdomen, il faudra noter toutes les activités et mouvements, par exemple, si on étire ou replie le bras, si on pose la main ou se gratte, etc. ❷ les ressentis : si des engourdissements, démangeaisons, etc. deviennent prédominantes, il faut abandonner l’objet primaire d’observation et noter ces ressentis. Si le désir de bouger apparaît, il faut tenter de rester patients face aux douleurs, ainsi, la confiance va se renforcer. ❸ Malgré nos efforts, l’esprit ne reste pas sur l’objet, des souvenirs, projets, imaginations, etc. apparaissent. Il faut les noter immédiatement, sans quoi ils perdurent. C’est cittānupassanā. ❹ Peut-être verrons-nous quelqu’un en imagination ou si la concentration est forte, des images apparaîtront-elles. Il faut noter « voir ». Il faut aussi noter « entendre », « sentir », « goûter », etc. En notant ainsi de façon très attentive, l’attention et la concentration vont se développer, sans qu’il faille revenir à l’objet primaire, on expérimentera la nature réelle, impermanente, insatisfaisante et insubstantielle des phénomènes.

C’est l’attention (sati) qui mène successivement à la concentration (samādhi) et à la sagesse (paññā). Si on attend ou espère quelque chose, on n’est pas attentif à ce moment-là. Il ne faut rien espérer.

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