Les quatre satipaṭṭhāna + extra sur les trois caractéristiques

La méditation vipassanā ou méditation de l’attention (satipaṭṭhāna) est une technique très simple mais difficile à appliquer. Nous devons observer les quatre objets de satipaṭṭhāna jusqu’à devenir un observateur détaché :

❶ Le corps : même si c’est un concept, il peut être utilisé comme objet au départ, mais il faut aller en profondeur pour comprendre sa nature impermanente. Au début, on voit la forme de l’air qui entre et sort mais, peu à peu, on ne perçoit plus que le mouvement, les sensations, les ressentis, etc. Idem pour la forme du pied à la marche. Le corps est constitué de millions de kalāpa eux-mêmes constitués des 4 éléments primaires inséparables. Terre, eau, feu et air sont expérimentés comme lourdeur, cohésion, température et mouvement. À ce moment-là nous n’observons plus les concepts et comprenons l’impermanence. Le corps est comme un torrent de montagne qui ne cesse jamais de changer a dit le Buddha.

❷ Les ressentis physiques et mentaux, agréables, désagréables ou neutres. Les douleurs, lamentations, joie, etc. sont incluses dans les ressentis. Nous devons apprendre à en être conscients et à vivre le présent, ne pas demeurer dans le passé ou anticiper l’avenir, sous peine de passer à côté de la vie. Il faut les observer objectivement jusqu’à comprendre leur nature changeante.

❸ L’esprit. Quels que soient les états mentaux présents comme l’avidité, la colère, l’amour, etc. nous devons en être conscients. Nous devons comprendre que nous sommes conditionnés, que nous n’avons pas de contrôle, et ne pas nous inquiéter des pensées saines ou malsaines qui nous habitent, seulement en être conscients, faire face à la vie et ne pas fuir. Parfois des souvenirs anciens nous reviennent.

❹ Il ne faut pas chercher de ressentis spéciaux, mais s’occuper du ressenti présent même s’il est très ordinaire. Tous les contacts aux six sens constituent l’objet de méditation. Quelle que soit l’expérience, il faut en être conscient. Si nous ne le faisons pas, nous aimerons ou n’aimerons pas l’objet, et commencerons à accumuler des dispositions latentes. Selon le bouddhisme, trois pollutions mentales (kilesā) sont enracinées en nous : le désir, l’aversion et l’ignorance.

Nous pouvons nous libérer de ces trois kilesā dans cette vie-même (nibbāna). Il y a 6 qualités du Dhamma dont ehipassiko (viens et vois), akāliko (les résultats vont suivre à tout moment), sandiṭṭhiko (ici et maintenant). Comme pour le piano, il s’agit d’un long entraînement et nous manquerons beaucoup d’objets au début. À terme, le yogi se rend compte qu’il n’y a rien de solide dans le corps et l’esprit. Son esprit plus acéré perçoit que rien n’est continu, comme la chaleur qui nous parvient du feu comme des vagues de particules.

Le yogi se libère à ce moment des trois hallucinations : perceptions, pensées et vues. Tant que nous en sommes habités, nous ne pouvons être heureux, et nous tremblons dès que quelque chose advient. Si on nous insulte, nous sommes blessés. Nous voyons les choses comme permanentes, agréables, personnelles et désirables. Nous avons aussi des fantasmes : taṇhā, māna et diṭṭhi, l’avidité, l’orgueil et les vues fausses, qui nous conditionnent et nous poussent à entretenir les hallucinations. La racine principale, c’est l’ignorance, et la tâche principale, c’est de l’éliminer. Dans l’hindouisme aussi, avijjā est la principale cause de notre souffrance. Maya représente aussi cette ignorance et nous empêche de voir Brahma. Il faut chercher la véritable cause du mal, comme dans la médecine ayurvédique, à l’inverse de la médecine occidentale qui se focalise sur ce qui est apparent. Dans le bouddhisme, la cause principale de la maladie est l’ignorance, et le médicament est le noble octuple sentier. Il faut développer la sagesse pour dissiper l’obscurité.

38’27 & 38’50 : Il faut que le méditant observe la réalité et non le concept pour comprendre l’impermanence (anicca). Pourquoi comprendre anicca par nous-mêmes : pour réduire l’attachement. Je souffre quand ma mère est malade, mais pas quand la vôtre est malade. En réalité je ne souffre pas pour elle, mais pour le possessif « ma ». Dukkha, c’est davantage que la souffrance ou l’insatisfaction, la vie est fondée sur dukkha (le processus du changement). Il n’y a pas de traduction qui reflète complètement le sens de dukkha. À partir d’anicca on comprend dukkha, à partir de dukkha, on comprend anattā. La croyance en l’Ego est difficile à enlever et à secouer, même si nous étudions le bouddhisme pendant des années. Cette croyance sera détruite lorsque nous atteindrons les stades supérieurs de la vision pénétrante. Par exemple, il reste difficile de dépasser l’attachement à sa religion, vue comme si parfaite.

Page précédente