Les Quatre Sentiers vers la libération

Il y a quatre stades ou sentiers jusqu’à l’atteinte de l’illumination :

Sīla. La moralité, c’est d’une part l’observance des préceptes du laïc ou des règles des moines et d’autre part le contrôle des sens pour éviter de laisser l’avidité ou la colère se développer. Nous le faisons automatiquement en pratiquant vipassanā. Ce fondement est très important pour les autres sentiers.

Samādhi. La concentration est de trois types : ❶ Le jhāna ou l’absorption (appanasamādhi) est une concentration très profonde. La pratique ne diffère pas du prāṇāyāma hindou basée sur le souffle mais il est possible de choisir d’autres objets de concentration. Il y a plusieurs degrés d’absorption. ❷ La concentration d’accès ou de voisinage (upacārasamādhi) est moins profonde. Elle est atteinte parfois quelques minutes ou quelques heures quand les empêchements disparaissent. ❸ La concentration momentanée (khanika ou vipassanāsamādhi) est mentionnée dans les commentaires. Grace à l’effort, l’esprit se maintient sur les objets successifs qui apparaissent. Pour pratiquer vipassanā, il faut développer impérativement l’un de ces trois types de concentration.

Vipassanā. Voir (passanā) de façon spéciale (vi) afin de comprendre la véritable nature des choses ou des cinq agrégats qui incluent tout dans l’univers. Tous les objets apparaissant aux six portes sensorielles sont observés.

Ariyamagga. Le noble chemin supramondain démarre au terme du chemin dit préliminaire de vipassanā. Le méditant réalise pour la première fois les quatre nobles vérités lorsqu’il comprend la souffrance que représente l’impermanence de tous les phénomènes, déracine en même temps le désir et fait l’expérience de la cessation. Lorsqu’il obtient un aperçu de nibbāna, un pont se crée qui fait passer le yogi l’instant qui suit de la lignée mondaine à la supramondaine (gotrabhū). Cette expérience est possible parce que les huit facteurs du chemin ont déjà été développés.

Le noble chemin à son tour comprend quatre stades. Les pollutions mentales (kilesā) commencent seulement à être éliminées au stade de sotāpannā (celui qui a gagné le courant qui le mènera inéluctablement à l’océan, la libération, au maximum après sept vies) : la vue fausse du soi, le doute par rapport à la pratique ou l’enseignement et l’adhérence aux rituels (comme les chants et prières pratiqués par les nobles disciples bouddhistes aussi, mais en sachant qu’ils ne mènent pas à la libération). Le sotāpannā devient incapable d’accomplir une action susceptible de causer une renaissance dans un plan inférieur. Pour atteindre le stade suivant, Il faut reprendre l’observation des cinq agrégats au départ. Le sakadāgāmī ne reprendra plus naissance qu’une seule fois avant d’atteindre la libération finale. Il n’élimine pas de kilesa mais affaiblit le désir et la colère. L’anāgāmī a éradiqué le désir sensuel et la colère. Il ne reprendra plus d’existence sensuelle mais renaîtra dans le monde des Brahmā, suddhāvāsabhūmi, que les Chinois appellent Terre pure. Selon ces derniers, les bodhisattā aussi y résident. L’arhat a détruit tous les kilesā, y compris l’ignorance et l’orgueil. Il a accompli l’illumination du disciple (sāvakabodhi). Celle-ci a les mêmes caractéristiques que celle des paccekabuddhā (qui l’ont réalisée par eux-mêmes mais pas de façon complète et ne peuvent donc l’enseigner) et des sammāsambuddha (qui l’ont réalisée par eux-mêmes et de façon complète).

Il ne faut pas voir ces stades comme très lointains. Leur réalisation prend une fraction de seconde et certains en passent plusieurs simultanément. Tout dépend de la maturité des facteurs d’illumination, mais quiconque détient l’effort, l’attention et la concentration justes peut les réaliser dans cette vie-même et, s’il n’y parvient pas, il aura perfectionné ses vertus.

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