Les ressentis, vipassanā, les cinq empêchements et le sens profond de la souffrance

Période critique pour les méditants qui expérimentent des ressentis physiques, mentaux, émotionnels, etc. Au début de la pratique, on peut ignorer les ressentis et observer seulement l’inspir et l’expir. À présent, les ressentis latents en nous, physiques et mentaux, remontent à la surface et on passe à vipassanā, en acceptant tout ce qui se présente. La situation est différente.

Au début de la pratique, on peut ignorer les cinq empêchements, mais maintenant nous pratiquons vipassanā et nous devons observer ces empêchements jusqu’à leur disparition, afin de les connaître. Histoire du brahmine Saṅgārava qui demanda au Buddha pourquoi il lui était parfois facile et parfois difficile d’apprendre un mantra, devant y passer plusieurs mois. Le Buddha répondit qu’un homme avec une bonne vue ne peut voir la réflexion de son image dans un bol coloré (désir sensuel), en ébullition (colère), envahi de végétaux (torpeur), à la surface agitée et ridée (agitation), boueux (doute). Pour les dissiper, il faut seulement observer précisément et objectivement les empêchements d’instant en instant quand ils apparaissent, et ainsi ils ne peuvent se maintenir très longtemps. Il en va de même pour les pensées.

L’objectif principal est de voir l’impermanence pour comprendre réellement Dukkha. Le Buddha enseigna les quatre nobles vérités deux mois après son illumination. La première noble vérité est que la vie est établie sur la souffrance (dukkhe patiṭṭhito loko, dukkhe ṭhapito loko). Le sens de dukkha est plus large que souffrance ou difficultés ordinaires. Le bouddhiste ne nie pas qu’il y ait aussi du bonheur dans la vie, mais étant sujet au changement, il est aussi inclus dans la souffrance, même le jhāna le plus élevé nevasaññānāsaññā pourtant très équanime.

Il y a trois types de souffrance : a) dukkha dukkha (maladie, mort, vieillesse, etc.) Les 5 agrégats sont souffrance car ils impliquent d’endurer toutes ces souffrances ordinaires (vieillissement, maladie, mort, lamentations, chagrin, association au déplaisant, séparation du plaisant, frustration). Nibbāna à l’inverse signifie la non-mort, car il n’y a pas de naissance des cinq agrégats. b) vipariṇāma (souffrance due au changement, tous les bonheurs sont ultimement souffrance car appelés à changer. Ce qui est plaisant devient déplaisant, la santé devient la maladie, etc. La roue de la vie (saṃsāra) nous amène à prendre renaissance sous d’autres formes dans les différents plans d’existence (31 dans le theravāda et 6 chez les Tibétains). c) saṅkhāra (souffrance due au conditionnement). Très important mais difficile à comprendre. Tout est conditionné, même la vision par exemple qui dépend de l’existence d’un organe de la vision, d’un objet visible et de la lumière pour exister. L’effort conditionne le résultat qui à son tour conditionne autre chose. Rien ne vient pas soi-même. Il n’y a personne qui gouverne le processus. On peut avoir l’impression que tous ces conditionnements viennent en même temps mais selon l’Abhidhamma, il ne peut y avoir deux consciences simultanément. Exemple de Sati le fils du pêcheur qui insistait sur l’existence d’une âme et croyait que c’était la même conscience qui allait d’un endroit à l’autre. Histoire du disciple zen à qui son maître expliquait qu’en fait son esprit n’allait nulle part lorsqu’il disait que son esprit était agité (dire qu’il va ici et là est une façon conventionnelle de parler). Chaque fois que les 5 agrégats naissent, vieillissent et meurent, vous aussi bhikkhu naissez, vieillissez et mourez (khandhesu jāyamānesu jīyamānesu mīyamānesu ca khaṇe khaṇe tvaṃ bhikkhu jāyase ca jīyase ca mīyase cā).

Pourquoi souffrons-nous ? C’est en raison du désir qui nous pousse à accomplir du bon et du mauvais kamma. Pour les bouddhistes comme pour les hindous il y a le kamma, les kilesā et vipāka. La cessation de ces trois choses signifie la libération (mokkha). Il y a quatre Nobles vérités : la première doit être comprise, la seconde, éradiquée, la troisième, réalisée et la dernière, développée. Pour y parvenir, il faut pratiquer la méditation vipassanā.

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