Les sept purifications (visuddhi)

Le bouddhisme, c’est le chemin de purification. La méthode, c’est le noble octuple sentier. Tout ce que l’on fait (rites, dons, etc,) vise à purifier l’esprit.

Il faut comprendre la progression de la purification en 7 stades, à comparer à un voyage en 7 étapes :

❶ Sīlavisuddhi. Il y a quatre façons de purifier la moralité : ① Pātimokkhasaṃvarasīla : observance des préceptes et des règles, les 227 règles des moines ou les 5 préceptes des laïcs. ② Indriyasaṃvarasīla : contrôle des sens pour ne pas laisser les impuretés, désir et aversion, pénétrer l’esprit. En étant conscient des processus et en les notant, le méditant contrôle ses facultés par l’attention. Comme un petit trou dans le toit peut détruire toute une maison, un moment d’inattention peut nous ruiner. Nous devons protéger nos vies. Comme le Buddha l’a expliqué à Māluṅkyaputta, lorsque l’on voit ou entend, il faut seulement être conscient de voir, entendre. ③ Ājīvapārisuddhisīla : moyens d’existence purs qui ne nuisent pas aux autres. ④ Paccayasannissitasīla : utilisation des moyens matériels dans une optique juste. C’est avant tout pour les moines (les quatre provisions du moine) mais cela s’applique aux laïcs aussi. Il faut être simple et léger, ne pas user des choses pour l’amusement, pour l’embellissement, etc.

❷ Cittavisuddhi : pratique de samatha. L’ignorance dans l’esprit nous empêche de faire quoi que ce soit. La première chose à faire dans une retraite, c’est d’observer l’inspir et l’expir. Dans le Prāṇāyāma indien, la respiration est régulée. Si le jhāna est atteint, l’esprit est totalement libéré des impuretés comme la colère. Les Brahmavihāra sont une pratique de samatha.

❸ Diṭṭhivisuddhi: les vues fausses du moi, de la création, d’une âme survivant après la mort etc. sont dissoutes lorsque l’on comprend la cause et l’effet (paccayaparigaha), les choses n’apparaissent pas d’elles-mêmes mais sont causées, la conscience apparait en raison de l’objet, etc.

❹ Kaṅkhāvitaraṇa visuddhi. La victoire sur le doute. Après avoir compris les causes et effets, les questions ‘qui suis-je, où vais-je’ etc. se posent. Nous réalisons l’impermanence : les phénomènes disparaissent aussitôt et ne vont nulle part. Le Buddha interrogea un jour une adolescente : ‘d’où viens-tu, où vas-tu ?’ Elle répondit : ‘nulle part, nulle part’ et les gens pensaient qu’elle répondait stupidement mais en réalité elle comprenait la condition humaine. Le Buddha a dit : « Dans les agrégats naissant, vieillissant et mourant à chaque instant, toi, bhikkhu, tu nais, vieillis et meurs » : khandhesu jāyamānesu jīyamānesu mīyamānesu ca “khaṇe khaṇe tvaṃ bhikkhu jāyase ca jīyase ca mīyase cā”.

❺ Maggāmaggañāṇadassana visuddhi. Quand nous dépassons l’attachement aux lumières, bonheurs, joies, sensations de légèreté et les voyons comme des distractions, nous distinguons ce qui relève du chemin et ce qui n’en relève pas. Lorsque des qualités telles que la détermination, la joie, le bonheur, l’effort exceptionnel apparaissent, nous pourrions penser avoir gagné quelque chose. Mais il faut comprendre que ces qualités aussi disparaissent. Parfois un guide est nécessaire.

❻ Paṭipadāñāṇa dassana visuddhi. La purification du chemin. Le méditant prend ce qui est plaisant comme objet de méditation sans s’attacher. À ce moment, ces phénomènes agréables disparaissent et tout devient facile. C’est comme conduire seul le soir. L’équanimité est présente et le méditant prête attention aux objets subtils.

❼ Ñāṇadassana visuddhi. La purification de la connaissance, l’expérimentation de la paix du nibbāna. C’est comme quelqu’un qui court, court, court et puis soudainement s’arrête, ou qui observe, observe, observe et puis expérimente un bref instant l’absence d’objet.

Tout le monde n’atteint pas le stade très équanime, mais cela n’empêche pas nécessairement d’atteindre magga et phala. Il y a quatre types de méditants:

a) dukkhapaṭipadādandhābhiññā – beaucoup de souffrance et progrès lent b) dukkhapaṭipadākhippābhiññā – beaucoup de souffrances et rapide c) sukhapaṭipadādandhābhiññā – facile et lent d) sukhapaṭipadākhippābhiññā -facile et rapide. Il ne faut donc pas se décourager si l’on a beaucoup de douleurs. Il faut persévérer. L’objet importe peu, c’est le but qui compte. On ne peut dire qui atteindra le but.

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