Les six types d’air et le progrès de la méditation

Le yogi qui pratique la marche se posera trois questions à son sujet : 1. Qui marche ? 2. À qui appartient ce mouvement ? et 3. Pourquoi la marche a-t-elle lieu ? S’il pratique correctement, il pourra y répondre et accepter l’enseignement du Bouddha. Il y a deux types de méditants : ① ceux qui, s’ils notent avec précision, développent la compréhension de l’esprit et la matière sur la base de leur propre expérience, et puis acquièrent la foi dans le triple joyau (paññānusāri), ② ceux qui ont foi dans l’enseignement du Bouddha même s’ils ne l’ont pas expérimenté clairement, mais réalisent qu’ils doivent fournir plus d’efforts pour y parvenir et renforcent leur foi (saddhānusāri).

Lorsque nous notons les mouvements de l’abdomen, si nous percevons l’élévation et l’abaissement, nous percevons l’élément air. Vipassanā signifie noter tout ce qui se manifeste aux six portes sensorielles, mais ce n’est pas possible au début, c’est pourquoi on note l’objet primaire. Parfois nous ne percevons pas l’air et ne le notons donc pas. Mais subitement, on peut par exemple ressentir l’air dans le nez et comprendre que le soulèvement de l’abdomen lui est lié. Parfois, on entendra le bruit de l’air dans les intestins, si on n’a pas mangé, on ressentira un chatouillement au visage et, si on manque de patience, on lèvera la main pour gratter et on ressentira l’air dans la main ou dans les doigts, parfois, on remarquera un clignement des yeux.

Il y a six types d’air : ① dans l’abdomen ② dans les intestins ③ dans les membres ④ qui entre et sort au niveau du nez ⑤ ascendant (lorsque nous n’avons pas bien digéré ⑥ descendant (si nous avons bien digéré ou au moment d’aller à selle).

Nous pouvons tous les expérimenter par l’attention, mais il ne faut pas les rechercher, seulement les noter lorsqu’ils se présentent naturellement. Il faut noter le plus longtemps possible et sans interruption. Pourquoi observons-nous ? Pour ressentir des sensations ? Non ! Pour comprendre l’enseignement du Bouddha, la nature impermanente, insatisfaisante et impersonnelle des phénomènes. La compréhension va se manifester spontanément : il n’y a personne dans le mouvement. C’est l’attachement (upādāna), par le désir (taṇhā) ou les vues fausses (diṭṭhi), qui empêche les connaissances vipassanā. Nous croyons : « je suis beau », nous nous attachons à toutes les parties du corps « comme mes sourcils sont élégants ! ». Nous ne voulons pas croire que ces choses ne sont pas permanentes, stables et substantielles. Le puthujjana est encombré de vues fausses, mais lorsque nous notons, nous en sommes débarrassés. Le yogi qui pratique bien perçoit l’impermanence à un niveau grossier (l’abaissement succède au soulèvement par exemple) ou subtil (chaque soulèvements perçus comme une succession de petits mouvements). Il voit qu’il n’y a pas de personne et rien d’agréable.

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