Les trois types de douleurs, viriya et passaddhi saṃbhojjhaṅgā

On ne peut échapper aux douleurs lors de la pratique. Personne n’aime les douleurs au début, mais lorsque l’attention se renforce, les douleurs ne gênent plus. Si on ne peut éviter les douleurs, on peut éviter de changer de posture, à l’instar du Bouddha qui possédait une détermination à toutes épreuves dans le but d’atteindre l’omniscience pour lui-même et tous les êtres.

Si la douleur est surtout forte à l’assise, le yogi qui s’efforce de marcher une heure sans interruption ou de rester couché sans bouger pendant une heure comprendra que toutes les positions amènent la douleur. C’est iriyāpatha dukkha. En général, on change de position sans même le remarquer. Au plus on change de posture, au plus ces douleurs persisteront.

Le deuxième type de souffrance, c’est samādhi dukkha, la douleur due à la concentration. Parfois des objets très raffinés nous causent une douleur insupportable dans la mesure où on les voit très clairement, des démangeaisons par exemple. À ce moment, nous devons faire preuve de bravoure face à la peur, c’est viriya. Au plus nous notons la douleur, au plus nous la connaîtrons. Nous commençons à percevoir l’infinie variété et les qualités des ressentis désagréables : brûlure, dureté, douleur lancinante, tranchante, perçante, etc…

Lorsque le corps et l’esprit sont apaisés et que passaddhi, l’un des 7 facteurs d’éveil, est en nous, il peut y avoir encore des douleurs, mais elles ne nous dérangent plus dans la mesure où on sait comment les surmonter. On peut gérer aussi les ressentis mentaux désagréables comme la jalousie, l’orgueil, etc. On ne voit plus la douleur comme solide. On peut maintenir l’attention et on ne penche plus autant vers l’avant. On peut voir les apparitions et disparitions à chaque instant et on les note avec ravissement. Les objets des 6 sens ainsi que l’esprit qui note disparaissent aussi, c’est comme trancher un concombre tranche après tranche. C’est le stade d’udayabbaya. L’apparition est une naissance et la disparition, une mort, c’est la raison pour laquelle le yogi ne s’attache plus tant. On comprend désormais les paroles du Bouddha disant « la faim est la plus grande des maladies et les saṅkhāra la plus grande souffrance (dukkha). Sachant ceci correctement, le yogi réalise nibbāna, le plus grand des bonheurs. ». À ce stade, le yogi n’a plus besoin d’encouragements. Il expérimente le troisième type de souffrance : saṅkhāra dukkha.

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