Les trois urgents devoirs (sikkhā)

Parfois, l’énergie physique et mentale est forte, le yogi maintient son attention sur l’objet, chaque yogi comprend que tout change à l’intérieur de soi à chaque instant, et l’exprime à sa façon. Les mouvements se décomposent en petit segments. Mais parfois au contraire il ne se maintient pas sur l’objet, ne pratique pas vipassanā, la confiance diminue, l’énergie mentale fait défaut. À ce moment le yogi doit instiller saṃvega en réfléchissant à la vieillesse, la maladie et la mort.

Le fermier qui doit ❶ labourer son champ urgemment dès les premières pluies avant que le champ ne soit gorgé d’eau, et puis ❷ semer les graines à la main. Il doit aussi ❸ drainer l’eau en excédent dans les rizières et irriguer celles où l’eau manque. Il n’a pas de superpouvoir et doit ensuite attendre. Tout comme lui, le yogi a trois devoirs urgents : adhisīla (respecter les préceptes) ; adhicitta (garder les six portes des sens pour ne pas laisser pénétrer les kilesā) et adhipaññā (développer les connaissances vipassanā). Les trois sont liés entre eux, le deuxième n’est pas possible sans le premier et le troisième sans le second. Il doit pratiquer avec diligence et n’a pas de superpouvoir. Il ne peut prier pour obtenir la concentration ou la sagesse.

Le but de vipassanā est l’élimination des kilesā : colère, attachement, avidité, etc. Il faut pour cela une très forte volonté (chanda), seule capable de nous amener à respecter les préceptes et à développer l’esprit en notant tout ce qui se passe aux portes des sens. Sans chanda, nous ne comprendrons pas l’enseignement du Buddha : l’esprit et la matière, les causes et effets, les agrégats et les trois caractéristiques. Avec chanda, nous comprendrons les quatre nobles vérités (dukkha, samudaya, nirodha et magga sacca)

La quatrième noble vérité est magga ou le chemin qui mène à la cessation de la souffrance. Elle se compose des trois devoirs urgents répartis en huit branches. Adhisīla se subdivise en parole, action et moyens d’existence justes (sammā vācā, kammanta et ājīva). Ces facteurs sont présents si nous observons les préceptes. Adhicitta se compose de l’effort, l’attention et la concentration justes (sammā vāyāma, sati et samādhi). Sans entraînement, l’esprit ne restera pas à l’intérieur un seul instant. Il se complaira dans les plaisirs sensuels, beaux objets, senteurs agréables, sons mélodieux, etc. (kāmaloka). Il faut pratiquer les quatre satipaṭṭhāna. Chaque fois que nous notons, l’esprit reste en nous, il n’y a ni colère, ni désir, ni découragement à ce moment-là. Ne dormir que dans la deuxième partie de la nuit, c’est l’effort juste. Avec l’effort et la concentration juste, la compréhension supérieure (adhipaññā) apparaîtra. Lorsque vipassanā aura été mené à son terme, nous réaliserons l’illumination.

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