Noter l’audition

Comme expliqué hier, lorsque la vision apparaît, il faut la noter attentivement. La conscience visuelle et l’esprit qui note ressortissent de l’esprit, l’œil et l’objet visuel ressortissent de la matière. Sans l’attention, on ne voit pas cette séparation entre l’esprit et la matière. On pense « je vois quelque chose » ou « ceci est mon corps ». En réalité, il n’y a rien en dehors de l’esprit qui note et de l’objet noté, il n’y a pas de « lui » ou de « elle ». Les yogis éliminent les vues fausses (micchā diṭṭhi). Ils comprennent aussi les causes et les effets. L’objet est la cause et la vision l’effet. Sans la cause, il n’y a pas d’effet. Les yogis éliminent la confusion à ce niveau-là aussi.

Il en va de même pour l’audition. Lorsqu’elle se produit, noter « entendre » de façon précise et attentive. L’audition a lieu en raison de la sensibilité de l’oreille et du son. Il n’y a que quatre choses: ❶ sota pasāda ❷ saddārammaṇa ❸ sotaviññāna ❹ la conscience qui note. Le yogi les voit clairement. L’esprit ne va pas plus loin que le simple fait d’entendre. Il n’y a rien hormis ces quatre choses. Lorsque la note est puissante, le yogi perçoit parfois que le son est plus fort dans une oreille, ou alors il perçoit que le son est discontinu, qu’il apparaît et disparaît et ne forme pas un bloc solide.

Le Buddha a déclaré: sotañca paṭicca sadde ca uppajjati sotaviññāṇaṁ, tiṇṇaṁ saṅgati phasso, phassapaccayā vedanā, vedanāpaccayā taṇhā, taṇhāpaccayā upādānaṁ, upādānapaccayā bhavo, bhavapaccayā jāti, jātipaccayā jarāmaraṇaṁ sokaparidevadukkhadomanassupāyāsā sambhavanti. Evametassa kevalassa dukkhakkhandhassa samudayo hoti. Nous enseignons conformément à l’enseignement du Buddha. Pariyatti et patipatti, l’étude et la pratique, vont de pair: nous pratiquons la méditation et écoutons en même temps les enseignements. Je récite les paroles du Buddha afin de susciter la foi chez les yogis.

Il n’est pas nécessaire de noter tous les sons. Si l’attention est puissante, elle reste collée à l’objet et ne va nulle part. À ce moment-là, on n’entend plus les sons. Si un son est perçu toutefois, il faut lui porter une attention rapprochée et le noter. On parle toujours de la qualité de dama, le contrôle des sens. Si on note attentivement le son, l’esprit ne va pas au-delà du son. Il n’y a pas d’attachement. S’il y a attachement, on devra reprendre naissance. Un son plaisant amène l’attachement, un son déplaisant, la colère ou l’aversion (vedanāpaccayā taṇhā, taṇhāpaccayā upādānaṁ). En étant attentif, on élimine provisoirement ces pollutions mentales.

Le Buddha n’a commencé à enseigner qu’après avoir lui-même atteint la libération complète. Lorsqu’il a atteint l’omniscience (sabbaññutañāṇa), il s’est réjoui en s’exclamant: anekajāti saṃsāraṃ, sandhāvissaṃ anibbisaṃ, etc. « Je ne pouvais trouver le constructeur de cette maison (le corps et l’esprit) et ai dû, par conséquent, reprendre naissance encore et encore. Désormais, taṇhā ne pourra plus m’amener à reprendre naissance ». Nous pratiquons vipassanā pour nous libérer du saṃsāra. Une prise de note suffisamment puissante nous permettra d’y parvenir. Il faut se dire que chaque note mentale nous en rapproche et ne pas se décourager. Il ne faut pas voir les douleurs comme un obstacle. Un jour, nous pourrons les gérer, nous serons capables de noter tous les objets quels qu’ils soient, y compris les engourdissements, raideurs, duretés, etc., quand l’esprit sera à l’aise.

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