Paṭicca samuppāda

Nous naissons et mourrons à chaque instant. Il n’y a pas de dieu derrière ce changement, lequel s’explique par la loi du Kamma. Si quelque chose a lieu, c’est en raison de causes, et ce quelque chose à son tour conditionne autre chose. L’exposition en 12 facteurs du paṭicca samuppāda explique la vie passée, présente et future mais peut aussi expliquer l’instant présent, passé et futur à chaque moment, ce qui peut être observé dans la méditation.

❶ avijja. Les upanishads parlaient déjà de la réalité voilée par l’illusion ou l’ignorance qui empêche la libération.

❷ saṅkhāra. Ce mot couvre différents sens comme émotions, kamma etc. mais ici il renvoie au kamma reproductif (janaka kamma). Un centenaire a accompli d’innombrables actions au cours de sa vie, mais au moment de mourir, une seule lui revient en mémoire et cause une nouvelle naissance. Le kamma, ce n’est pas seulement l’acte, mais aussi l’intention. L’acte n’est pas toujours ce qu’il paraît : un médecin peut tuer un patient en essayant de le sauver ou quelqu’un peut adresser des vœux de bonheur tout en souhaitant la ruine. Il faut plusieurs générations pour comprendre le Kamma. En Orient, certains ne le comprennent pas pleinement, car il agit partout dans nos vies. Le Buddha répondit à un jeune homme que la fortune ou l’infortune des êtres s’expliquait par le kamma qui était l’héritage (dāyāda), l’origine (yoni), le véritable ami (bandhu) et le refuge (paṭisaraṇa) des êtres. Les résultats du kamma présent se manifesteront dans le futur, tandis que nous devons subir à présent le résultat du kamma passé. Certains en effet ne rencontrent que le malheur alors qu’ils n’accomplissent que le bien.

❸ viññāṇa. Dans l’hindouisme, la conscience est un sujet qui expérimente ou ressent. Dans le bouddhisme les consciences sont de 89 types mais il s’agit ici de la première conscience du fœtus dans l’utérus qui relie à la dernière conscience de l’existence précédente

❹ nāmarūpa. Nāma renvoie ici aux propriétés mentales comme la perception, le contact, la colère, la jalousie, etc. qui accompagnent la conscience. Elles ne pourraient exister sans elle. Rūpa renvoie ici aux phénomènes matériels présents dans l’utérus au moment de la conception et résultant du kamma antérieur : l’élément corporel, l’élément sexuel et la base de la conscience (dont le siège est traditionnellement situé dans le cœur en Inde ancienne)

❺ salāyatana. La partie sensible des six organes des sens. L’esprit est un sens car les pensées, souvenirs, etc. doivent être reçus quelque part. 

❻ phassa. Le contact avec l’organe et l’objet sensoriels.

❼ vedanā. Les ressentis ou sensations physiques ou mentales plaisantes, déplaisantes ou neutres chaque fois.

❽ taṇhā. Aimer ou ne pas aimer l’objet sensuel, c’est le désir (kāmataṇhā). Vouloir perpétuer la vie, c’est bhavataṇhā. Vouloir l’annihilation, c’est vibhavataṇhā.

❾ upādāna. Si votre mère est malade, je ne souffre pas. C’est l’attachement qui cause la souffrance. Il est de quatre types : pour les objets sensuels, pour les rites, pour les vues et philosophies et pour le moi.

❿ bhava. Le devenir. L’action et la réaction se conditionnent mutuellement.

⓫ jāti. La naissance.

⓬ jarāmaraṇa. le vieillissement, la mort, etc.

On parle de roue de la vie dans le bouddhisme tibétain, lequel interprète les mêmes mots de façon quelque peu différente. On parle aussi du saṃsāra.

L’ignorance (comparée au père) est difficile à éliminer, mais la méditation permet d’éliminer taṇhā (comparée à la mère) qui provient des vies passées. Quand on voit, la vision a lieu, laquelle conditionne un ressenti plaisant ou déplaisant et enclenche taṇhā, lequel à son tour entraîne une réaction. En méditation, nous sommes conscients de la vision et du ressenti, mais nous ne laissons pas le désir ou l’aversion pénétrer. Nous empêchons ainsi de nouveaux kilesā d’apparaître. Si nous laissons la colère habiter notre esprit quelque temps, elle laissera avant de disparaître des graines latentes dans l’esprit susceptibles de germer plus tard. Dans un deuxième temps, il faudra essayer d’éliminer ces graines latentes héritées du passé. Si nous ne faisons rien, les trois cycles : kamma, vipāka et kilesa vaṭṭa se conditionneront mutuellement à l’infini. Le Yogasūtra utilise le même langage. Même si nous n’éliminons pas complètement les kilesā, les réduire nous permettra déjà de vivre plus heureux.

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