Prendre refuge en soi-même

À 29 ans, le Buddha renonça au monde et pratiqua dans la forêt. À 36 ans, il atteint l’omniscience (sabbaññutañāṇa). Il enseigna ensuite sans arrêt par compassion pour tous les êtres. Vers 80 ans, il était devenu très faible mentalement et physiquement mais continuait à voyager pour aider les êtres. À Vesali, la courtisane Ambapālī l’invita ainsi que sa suite au repas et offrit à cette occasion le petit bois des bambous (Veḷuvāna) pour y passer les pluies (vassa). C’est là que le Buddha contracta une maladie qui faillit l’emporter. Grâce à l’attention, il parvînt toutefois à la surmonter. Devant Ānanda qui se réjouissait, il recommanda de se fier à soi-même et de se fier au Dhamma (attadīpā, attasaraṇā, dhammadīpā, dhammasaraṇā). Lorsque nous pratiquons les quatre satipaṭṭhāna (l’attention au corps, aux ressentis, aux consciences et aux dhammā) et que nous notons, nous nous fions au Dhamma et prenons refuge en lui. Si nous sommes bien attentifs, nous pouvons voir les trois caractéristiques (anicca, dukkha et anatta).

Le Buddha était alors malade mais ne souffrait pas mentalement, car il pratiquait l’attention. En faisant confiance au Dhamma, nous pouvons voir les trois caractéristiques par expérience directe. Tant que nous ne pratiquons pas, nous avons tendance à les nier. En pratiquant l’attention, des ressentis désagréables vont se manifester dans le corps et l’esprit. Si nous fournissons un effort puissant, notons précisément et de façon pénétrante, nous réaliserons que ces douleurs ne sont pas solides. Elles apparaissent quelque part pour disparaître aussitôt, puis apparaissent ailleurs et disparaissent à nouveau. Nous comprenons ainsi la nature des sensations désagréables.

Le Buddha nous rappelle qu’il peut seulement montrer le chemin, mais que c’est nous-mêmes qui devons fournir l’effort. Le mahāsatipaṭṭhāna sutta énumère les qualités d’ātāpi, sampajāna et satimā. Ātāpi : avec l’effort, nous pouvons noter la sensation déplaisante de manière rapprochée et constater qu’elle n’est pas solide. Avec sampajāna, on comprend la nature impermanente de la douleur. On ne se plaint plus « je ressens une terrible douleur ». Percevoir la nature impermanente des autres objets n’est pas pour autant plus facile. Le yogi peut être découragé par exemple s’il ne parvient pas à percevoir que le soulèvement et l’abaissement ou les différentes phases du pas sont constitués de nombreuses phases, car il a l’intention d’en percevoir l’impermanence, mais pas le pouvoir. L’impermanence, c’est véritablement Dukkha, car rien n’est sûr ou en sécurité. Mahasi Sayadaw donnait l’exemple des crabes dont le trou est à chaque fois détruit par la marée, mais qui recommencent chaque fois leur travail. Un observateur extérieur ressentirait de la lassitude à les regarder.

Un tel yogi qui pratique de cette façon pratique aniccānupassanā et dukkhānupassanā. Aux stades plus avancés, il est facile d’observer le changement dans chaque objet observé. Le corps n’est pas fiable et ressemble à une maison délabrée dont on souhaiterait échapper.

Le Buddha a délivré 84.000 enseignements entre son illumination et sa mort. Alors qu’il sentait la mort proche, il insista sur l’essentiel : la pratique de la méditation.

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