Samatha et vipassanā

Jhāna signifie puissance d’observation. Jhāna est de deux types : samatha et vipassanā. L’objet de samatha est un concept. 40 objets de samatha sont décrits dans les écritures. Lorsque l’objet d’observation du pratiquant vipassanā n’est pas très précis, il peut utiliser la concentration de samatha. Les pratiques de buddhānussati où l’on contemple les vertus du Buddha, de metta bhāvanā dont l’objet est la totalité des êtres vivants, d’asubhabhāvanā dont le but est de diminuer l’attachement en contemplant le caractère répugnant du corps, et de maraṇasati qui contemple l’inéluctabilité de la mort, en sont des exemples. Même s’il s’agit de samatha, ces pratiques sont très utiles au méditant vipassanā et le protègent tout au long de sa pratique.

Les bénéfices des deux pratiques sont différents.

Samatha est plus facile car on ne cherche pas à comprendre. L’esprit va se calmer. Le pratiquant habile pourra atteindre les plans de Brahma et y renaître. La vie y est très longue mais prend fin inéluctablement et conduit somme toute aux renaissances dans le saṃsāra. Si on atteint le 5ème jhāna, on développe des pouvoirs tels que lire les pensées d’autrui, mais l’orgueil risque de se développer.

Le but de vipassanā est la libération de la souffrance. On maintient l’attention continue pour se débarrasser des pollutions mentales. Le pratiquant de samatha y parvient aussi mais de façon temporaire. Il est calme tant qu’il maintient l’esprit sur l’objet mais une fois qu’il arrête la méditation, l’esprit retombe dans l’agitation. Avec vipassanā, les pollutions mentales sont éradiquées définitivement. Les deux facteurs de sati et paññā sont cruciaux pour le pratiquant de vipassanā qui voit le flux des objets changer constamment et sont absents chez le pratiquant samatha.

Pour tous les types de concentration, cinq facteurs jhaniques doivent être présents : vitakka (diriger l’esprit vers l’objet) ; vicāra (maintenir celui-ci sur l’objet). Le premier correspond à l’aigle qui prend son envol, le second au vol plané de celui-ci. Si ces deux facteurs fonctionnent bien, pīti apparaît (la joie). Comme un joueur de billes joyeux car il touche sa cible, la joie se manifeste dans l’esprit du méditant chaque fois qu’il atteint l’objet. Sukha (le bonheur) est le facteur suivant. Le yogi se calme, il ferme la porte à l’agitation et aux pensées, il est tranquille et heureux. Le dernier facteur est ekaggatā (fixité de l’esprit sur l’objet). Le bonheur neutre de l’équanimité est plus doux et subtil que le bonheur ordinaire. Imaginons une personne qui rentre fatiguée du travail, ne souhaite ni manger ni se distraire mais seulement se reposer. Le lendemain en sortant d’un sommeil profond, elle est heureuse, pourtant elle n’était consciente de rien. C’est un bonheur qui ne s’enracine pas dans les plaisirs sensuels mais qui reste bien inférieur à celui qui procède de l’équanimité. Du temps du Buddha, les arhats ne ressentaient pas le besoin de dormir. Moggallāna et Sāriputta ne se sont pas allongés trente ans durant.

Ce bonheur n’égale néanmoins pas encore celui de nirodha, magga et phala.

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