Sampajañña

Avant de parler des quatre satipaṭṭhāna, le Buddha a indiqué qu’il fallait développer l’effort ardent (ātāpa), l’attention (satima) et la claire compréhension (sampajañña). Ce sont les outils du yogi. Si le yogi fournit des efforts pour être attentif toute la journée, sampajañña se manifestera automatiquement. ‘Sam’ signifie clairement, à fond, complètement ou encore par soi-même, ‘pa’ signifie de diverses façons et ‘jañña’ signifie comprendre, expérimenter, remarquer.

Si l’attention est superficielle, le yogi ne maintiendra pas l’attention sur l’objet. Le début et la fin des phénomènes apparaîtront naturellement, sans qu’il faille les rechercher, si nous notons très attentivement et sans interruption. À la marche, il n’est pas possible d’avoir une attention d’emblée développée. Petit à petit l’énergie va s’accroître et nous pourrons passer à deux puis trois notes par pas sans que l’esprit ne s’envole plus. Quand nous verrons clairement dans leur entièreté et dès le début les mouvements de l’abdomen à l’assise ou des pieds à la marche, l’entièreté des autres processus pourra être saisie aussi, sans rien omettre : douleurs, pensées, contacts sensoriels.  Nous disposons alors de la capacité de noter précisément. Au moment de noter, l’esprit est nettoyé des pollutions mentales (kilesā), comme un lac d’eau limpide dans lequel un homme pourvu d’une bonne vision peut tout voir : rochers, poissons, etc. De la même façon, nous pourrons clairement voir la dureté, la chaleur etc. dans différents endroits du corps ou les regrets, la joie ou la tristesse qui se manifestent dans l’esprit.

Le commentaire explique qu’il existe la claire compréhension ❶ de ce qui est bénéfique (sātthaka sampajañña) : avant d’entreprendre quoi que ce soit, il faut se demander si c’est bénéfique. Le Buddha énumère sept bénéfices de la pratique de vipassanā. Il existe aussi une foule de bénéfices mondains de cette pratique pour la vie quotidienne : des relations harmonieuses, une santé équilibrée, etc. En retraite, la pratique de la marche et de l’attention aux activités quotidiennes nous prépare à intégrer la pratique à la vie quotidienne. D’autres enseignements du Buddha aussi peuvent nous bénéficier, comme le maṅgala sutta qui nous enjoint d’éviter l’association avec les fous. ❷ de ce qui est approprié (sappāya sampajañña). Il nous faut réfléchir au caractère approprié des actions avant de les entreprendre. Il n’est pas approprié par exemple de pratiquer autre chose que vipassanā en retraite. ❸ du domaine du yogi (gocara sampajañña), soit les quatre satipaṭṭhāna ❹ de la non-illusion (asammoha sampajañña). Au début l’observation n’est ni précise, ni pénétrante. L’esprit analyse et est encombré de peurs ou d’inquiétudes. Mais un esprit pur voit clairement et distingue par exemple esprit et matière. Le soulèvement de l’abdomen est perçu comme une succession de petits mouvements. Les éléments sont expérimentés sous forme de sensations dans différents endroits du corps : dureté, chaleur, douceur, etc. Lorsqu’il mâche la nourriture, le yogi reste fixé sur le mouvement des mâchoires, il perçoit l’humidité, la dureté, les mouvements de la langue, les différents goûts. Toute cette claire compréhension est rendue possible par une forte attention.

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