Sati et sampajañña; samatha et vipassanā

Le pratiquant vipassanā doit comprendre les deux notions de sati (seulement l’attention aux phénomènes) et sampajañña (comprendre leur nature de changement). Le Buddha utilisait très souvent ces deux mots ensemble. Kāya signifie groupe d’éléments. En pratiquant kāyānupassanā, on n’a pas encore atteint sampajañña. Rūpa signifie éléments sujets au changement ou mutants. Comprendre cela, c’est sampajañña : il y a quatre causes du changement incessant de la matière et du corps : kamma (action volitionnelle passée et présente), citta (les états de conscience modifient le corps à chaque instant, la méditation pacifie le corps et la colère l’enflamme), utu (température) et āhāra (nourriture).

Il y a deux niveaux : concept et réalité, observer la forme de l’inspir et de l’expir, ou du soulèvement et de l’abaissement est au niveau du concept. Observer le concept peut mener à des états très paisibles. On doit d’abord développer sati en observant les concepts avant de pouvoir développer sampajañña. À ce moment-là, on perçoit lourdeur, légèreté, mouvement, etc., leur nature changeante et l’absence de solidité. Si nous percevons ce type de réalités, nous pratiquons vipassanā. Il est possible d’atteindre de hauts degrés de purification en observant les concepts, mais ce n’est pas vipassanā.

Il est d’usage de transférer des mérites après la méditation.

Il y a deux types d’approches : celle du samathayānika qui pratique d’abord la concentration avant de pratiquer vipassanā et celle du vipassanāyānika qui observe directement la réalité, mais il faut toujours un certain degré de concentration. Celle-ci est de trois types : momentanée (khaṇika), de voisinage (upacāra) et d’absorption (appana). La première prend tout objet qui apparaît et reste avec lui jusqu’à sa disparition. La seconde est proche de l’absorption et la troisième peut constituer un très bon fondement pour vipassanā. Les 5 empêchements empêchent la concentration et font vaciller l’esprit. ① Kāmacchanda nivāraṇa (le méditant ne réalise peut-être pas sa présence qui peut être subtile, le désir d’être ceci ou cela est aussi un empêchement) ② byāpāda (insatisfaction, déception, etc.) ③ thīṇa-middha (très courant, après quelques minutes vient la somnolence, les corps et l’esprit deviennent très lourds) ④ uddhacca-kukkucca (agitation, remord) ⑤ vicikicchā (nous doutons de nos capacités).

Comment pratiquer pour atteindre les jhāna ? Il y a plusieurs techniques : ānāpāna (inspir/expir) ou les kasiṇa par exemple. Ce dernier est un artifice qui était très populaire avant la popularité de vipassanā. Il se fabrique avec un plateau de 12 pouces environ recouvert de terre brune qui est pris comme objet de méditation en répétant « terre ». Il y a trois types de nimitta : parikamma (signe préliminaire observé de façon répétée), uggaha (signe appris, quand le méditant peut voir l’objet dans son esprit après deux ou trois jours) et paṭibāgha (signe miroir très brillant). À ce moment-là, cinq facteurs jhaniques apparaissent dans l’esprit : viṭakka (pensée appliquée), vicāra (pensée soutenue), pīti (joie), sukha (bonheur), ekaggattā (unicité de l’esprit sur un point). A ce stade, on peut rester des jours avec l’objet. Ceux qui pratiquent pour les jhāna observent la forme de la respiration et les lumières qui y apparaissent. Ceux qui pratiquent vipassanā, observent la sensation de toucher de la respiration.

Il faut comprendre les trois caractéristiques d’anicca, dukkha et anattā, sinon nous resterons attachés aux 5 agrégats d’attachement (upādānakkhanda), nos émotions, nos pensées et tous les contacts aux six portes des sens. Il faut voir que tant l’objet que la conscience de l’objet disparaissent. La notion de dukkha renvoie aussi à cette impermanence (yadaniccaṃ taṃ dukkhaṃ). Quant à anattā, elle est de deux type : puggala anattā (il n’y a pas d’individus) et dhamma anattā (il n’y a pas de substance individuelle). À l’époque du Buddha, cela s’opposait à la croyance en l’atman des brahmanes.

Il ne faut pas trop penser à tout ceci mais pratiquer. Exemple de Nāropa, le dirigeant de l’université de Nālanda qui avait une compréhension seulement intellectuelle et est allé voir le saint Tilopa, lequel lui donna des exemples pratiques. Les gens peuvent avoir une compréhension intellectuelle des termes bouddhistes mais ne pas vraiment les comprendre. Il y a trois types de connaissances : sutamayañāṇa (livresque), cintāmayañāṇa (raisonnement) et bhāvanāmayañāṇa (expérience directe). Krishnamurti a dit trois ans avant de mourir que tout ce qu’il racontait provenait de sa compréhension intellectuelle et qu’il fallait pratiquer soi-même si nous voulions comprendre la signification profonde. Il ne faut pas se satisfaire des discours que nous entendons. Le Buddha aussi a demandé de ne pas croire aveuglément ce qu’il disait mais de venir et de voir pour soi-même (ehipassiko), les Buddha ne font qu’indiquer la voie. Le bouddhisme est très différent à cet égard, le Buddha est seulement un professeur et diffère de nous seulement par le degré de réalisation.

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